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soigner et prendre soin

pensées d'un médecin généraliste devenu gériatre pour en finir avec un système perverti

Peut-on réformer en France?

La loi Santé de Marisol Touraine a été définitivement validée par le pouvoir législatif. Cette loi a été unanimement critiquée et combattue par les médecins ou plutôt par leurs syndicats représentatifs, ce qui n'est pas la même chose. Désormais, les décrets d'application, largement aussi importants que la loi elle même, vont être promulgués et devraient faire l'objet de toutes les attentions.

Un petit mot d'abord sur les raisons du rejet de cette loi par les syndicats. Si le combat les a rassemblé et leur a fait s'allier sur des modalités d'action parfois critiquables, comme une grève des soins le 13 novembre, journée funeste, ou des mots d'ordre de contestation tarifaire qui ne seront jamais suivis par les médecins de terrain, les raisons d'agir ne sont probablement pas partagées de façon aussi unanime.

En effet, MG France, syndicat mono-catégoriel de médecins généralistes bien pensant et à la pratique incontestable, avait fait la promotion autrefois du tiers payant généralisé et l'avait même mis en place en négociant l'option conventionnelle "médecin référent". Hélas, les dérives démagogiques électoralistes ont eu raison des grands principes d'égalité d'accès aux soins pour tous et d'une médecine de qualité. La priorité est désormais la rémunération, non plus sur ces modalités mais sur son niveau, jugé trop faible naturellement, et responsable de la désaffection des jeunes générations pour cette spécialité. Tout faux. L'actuel président de MG France n'a qu'une idée en tête: durer le plus longtemps possible après avoir usurpé cette place en 2009. La défense de la médecine générale n'est pas sa priorité, encore moins celle des médecins généralistes.

L'autre gros syndicat historique, la CSMF, en nette perte de vitesse depuis de nombreuses années, est plus habitué à la démagogie. Son credo a toujours été la dérégulation pour que les médecins puissent continuer à se servir de l'argent public sans jamais rendre de compte sur la qualité de leurs prestations. Ce fut, en son temps, la raison de leur combat, d'ailleurs gagné à l'époque grâce à Xavier Bertrand, contre l'option "médecin référent". Déjà, la CSMF se positionnait contre le tiers payant; mais ne nous leurrons pas, ce n'était que pure manipulation et surtout pas par idéologie puisque leurs adhérents les plus nombreux, à savoir les spécialités médicales les plus coûteuses comme la radiologie, ne se privaient pas pour l'utiliser largement.

La FMF était un syndicat moribond au début des années 2000. Pour se moquer, certains disaient qu'ils faisaient leurs assemblées générales dans des cabines téléphoniques. Et puis il y a eu les coordinations, ces mouvements "spontanés" aux discours désordonnés, sans projet professionnel. Comme le système de la représentation professionnelle ne permet pas d'être reconnu en dehors des syndicats, les membres des coordinations ont réalisé une OPA avec succès sur l'organe le plus accessible. C'est ainsi que la FMF a repris du poil de la bête et que Hamon, la grande gueule "bon client" pour les médias en a pris la tête. C'est assez drôle de voir l'histoire bégayer puisque c'est le même scénario qui se déroule actuellement avec l'UFML, issue du mouvement "médecins pigeons" né sur internet. Là encore, ne cherchez pas d'idéologie commune, ni véritable projet pour la profession médicale, puisque la seule chose qui rassemble ces personnes est la volonté de s'opposer à tout changement.

Dans quelques jours, suite à la publication de la loi Santé, tout ce petit monde devra se réunir avec les autorités de tutelle, à savoir les caisses d'assurance maladie, pour négocier la nouvelle convention médicale, celle qui définit entre autres choses, les tarifs des médecins, les modalités de remboursement mais aussi, et surtout, le montant des enveloppes de formation à la vie conventionnelle (en centaines de milliers d'euros) destinées à alimenter les caisses des syndicats... qui en ont bien besoin car leur faible nombre d'adhérents ne leur permettraient pas de payer leur personnel, les centaines de mètres carrés de leurs bureaux parisiens et les défraiements de leurs "élites" siégeant dans les instances parisiennes. Et comme d'habitude, ils signeront car ils ne peuvent faire autrement. Et comme d'habitude, les médecins de terrain qui ont été manipulés par ces agitateurs populistes seront déçus et penseront à quitter ce boulot qu'ils aiment tant mais que personne ne défend.

Et si la vraie réforme du système de santé consistait à se passer des syndicats?

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